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« Un monstre est là, derrière la porte » de Gaëlle Bélem est un premier roman audacieux qui plonge le lecteur au cœur de La Réunion des années 1980, à travers les yeux d’une narratrice issue de la famille Dessaintes, une lignée réputée pour sa folie et ses excès. Ce récit tragi-comique, porté par une écriture incisive et une langue riche, a reçu le Grand Prix du roman métis en 2020, saluant sa capacité à mêler humour noir et critique sociale acerbe.
Une fresque familiale déjantée
Le roman débute en 1981, à Sainte-Marie, où la rencontre fortuite de deux jeunes gens donne naissance à une fille, membre d’une famille aussi fantasque que détestée. Les Dessaintes sont perçus comme des parias, des « criminels héréditaires », une malédiction vivante qui se transmet à travers les générations. La narratrice, dont le prénom reste inconnu, grandit dans ce milieu chaotique, entre violences domestiques, croyances surnaturelles et une éducation fondée sur la terreur.
À travers ses yeux d’enfant, Bélem explore les thèmes du déterminisme social, de l’héritage colonial et de la quête d’identité. La narratrice rêve de s’échapper, de « outrepasser » sa condition, mais se heurte sans cesse à la violence de son environnement et à la malédiction familiale.
Un style vif et percutant
L’écriture de Gaëlle Bélem est l’un des atouts majeurs du roman. Elle mêle poésie, ironie et une forme de cynisme salvateur pour décrire la misère sociale et culturelle de l’île. Les dialogues sont rares, mais chaque mot pèse, chaque image frappe. La narratrice, par son regard acéré, transforme la souffrance en matière littéraire, donnant au lecteur une vision crue mais vibrante de La Réunion.
La critique souligne la capacité de l’autrice à éviter le pathos, préférant une approche plus grinçante et satirique. Le roman est décrit comme une « fresque historique sans complaisance », où l’humour sert de bouclier face à la violence du quotidien .
Une réception critique et un rayonnement international
« Un monstre est là, derrière la porte » a été largement salué par la critique. Le roman a été comparé à la saga des Rougon-Macquart pour sa dimension familiale et sociale . Il a également été sélectionné parmi les finalistes du Prix des 5 continents 2020, témoignant de son impact au-delà des frontières françaises.
La version anglaise, intitulée « There’s a Monster Behind the Door », a remporté le Republic of Consciousness Prize en 2025, récompensant sa traduction et sa portée universelle. Cette reconnaissance internationale souligne l’universalité des thèmes abordés et la puissance de l’écriture de Bélem.
Gaëlle Bélem nous offre une pépite littéraire
« Un monstre est là, derrière la porte » est un roman audacieux qui mêle humour noir et critique sociale acerbe pour offrir une fresque familiale déjantée au cœur de La Réunion des années 1980. À travers une écriture incisive et une narration percutante, Gaëlle Bélem nous invite à ouvrir la porte sur un univers où le monstre n’est pas toujours celui que l’on croit.
Pour ceux qui cherchent une lecture à la fois divertissante et profonde, ce roman est une pépite à découvrir sans tarder.